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Les mirages, aussi trompeurs peuvent-ils être, ont une beauté indéniable.
Je me souviens de cette brume féerique dans laquelle baignait le château de mon enfance.
Elle limitait la vision de celui qui s'aventurait sur les murailles aux environs immédiats.
La forêt voisine disparaissait dans l'étreinte des nuages bleutés.
Le parfum qui s'en dégageait était doux et léger, apportant à celui qui le respirait une sérénité incomparable.
Le vent et la pluie n'avaient aucun effet sur elle.
Une seule chose parvenait à la dissiper et l'effacer progressivement : le temps.
L'impitoyable sablier dévoilait peu à peu les éléments du décor environnant, encourageant la fillette que j'étais à alimenter le feu de sa curiosité.
À abaisser le pont-levis.
À franchir les douves.
Respirer l'odeur de la forêt après une longue averse.
Errer entre les titans de bois.
Arpenter les tortueux sentiers des montagnes.
Parvenir, enfin, au sommet.
S'avancer avec appréhension vers l'extrémité de la falaise.
Baisser les yeux.
S'attendre au néant.
Découvrir un royaume.
Alors, comme si tout ce temps passé sans avoir pu voir désirait subitement se rattraper, j'ai vu.
Beaucoup de choses.
J'ai compris.
Qu'il y en avait encore plus que je ne voyais pas.
J'ai vu des rois parés des plus beaux atours se comporter comme les derniers des gueux.
J'ai vu la noblesse éclore dans les gestes des paysans labourant les champs.
J'ai vu les gens s'agenouiller devant les premiers et cracher sur les seconds.
J'ai vu les fauves lier de furtives et étranges amitiés avec leurs proies et les laisser partir lorsqu'ils étaient repus.
Mais jamais je n'ai vu l'homme riche parvenir à satiété.
J'ai vu des mensonges se faire accepter comme étant des paroles véridiques.
J'ai vu des vérités se faire traîner dans la boue comme si elles n'étaient que de piètres affabulations.
J'ai vu un monde magnifique. J'ai vu une société qui ne le respectait pas.
Au final, j'avais vu peu de choses. Mais c'était déjà trop lourd à porter.
Je n'ai eu qu'à détourner le regard pour être de retour chez moi.
La crainte d'être aspirée dans ce maelström de paradoxes m'avait fait bouger instinctivement.
J'étais retournée à l'entrée de mon palais.
La brume avait presque complètement disparu, me faisant prendre conscience de la véritable nature de l'édifice.
Pour la première fois, je le voyais de l'extérieur.
Ce n'était pas un château, mais une forteresse.
Imposante. Solide. Impénétrable. Rassurante.
Une nouvelle fois, j'ai franchi ses douves.
Remonté le pont-levis.
Juré de ne plus jamais le baisser.
Le feu ardent de ma curiosité avait du faire face au terrible vent de la réalité, mais il ne s'était pas totalement éteint pour autant. Les braises rougeoyantes qui restaient me poussaient parfois à sortir ma longue-vue et à la pointer vers l'horizon.
De l'immense nuage de brume embaumée du passé ne restait qu'une auréole bleutée, autour de la plus haute tour. C'était là le refuge que je préférais.
Sur une table de pierre m'attendaient parchemins, encre et plume.
Prêts à voyager sans avoir à partir.
Un bateau de papier aux voiles de plume sur une mer d'encre.
Mais les gouttes de sable continuaient à tomber, inexorablement.
La brume n'avait pas seulement caché le monde de l'extérieur à mes yeux, elle avait également dissimulé ma présence au reste du royaume.
Une fois dissipée, les sombres murs de pierre de la forteresse se voyaient de loin.
La réalité a débuté alors un siège de longue durée.
Des incendies se sont déclenchés à plusieurs endroits.
Plus le temps passe, et plus les flammes sont hautes.
Le pont-levis n'est plus que cendres.
Ma forteresse brûle.
Peu importe.
Ma tour est épargnée.
Mes parchemins sont à l'abri.
Mon épée se repose dans son fourreau.
Qu'ils viennent.
Je les attends.
Je me souviens de cette brume féerique dans laquelle baignait le château de mon enfance.
Elle limitait la vision de celui qui s'aventurait sur les murailles aux environs immédiats.
La forêt voisine disparaissait dans l'étreinte des nuages bleutés.
Le parfum qui s'en dégageait était doux et léger, apportant à celui qui le respirait une sérénité incomparable.
Le vent et la pluie n'avaient aucun effet sur elle.
Une seule chose parvenait à la dissiper et l'effacer progressivement : le temps.
L'impitoyable sablier dévoilait peu à peu les éléments du décor environnant, encourageant la fillette que j'étais à alimenter le feu de sa curiosité.
À abaisser le pont-levis.
À franchir les douves.
Respirer l'odeur de la forêt après une longue averse.
Errer entre les titans de bois.
Arpenter les tortueux sentiers des montagnes.
Parvenir, enfin, au sommet.
S'avancer avec appréhension vers l'extrémité de la falaise.
Baisser les yeux.
S'attendre au néant.
Découvrir un royaume.
Alors, comme si tout ce temps passé sans avoir pu voir désirait subitement se rattraper, j'ai vu.
Beaucoup de choses.
J'ai compris.
Qu'il y en avait encore plus que je ne voyais pas.
J'ai vu des rois parés des plus beaux atours se comporter comme les derniers des gueux.
J'ai vu la noblesse éclore dans les gestes des paysans labourant les champs.
J'ai vu les gens s'agenouiller devant les premiers et cracher sur les seconds.
J'ai vu les fauves lier de furtives et étranges amitiés avec leurs proies et les laisser partir lorsqu'ils étaient repus.
Mais jamais je n'ai vu l'homme riche parvenir à satiété.
J'ai vu des mensonges se faire accepter comme étant des paroles véridiques.
J'ai vu des vérités se faire traîner dans la boue comme si elles n'étaient que de piètres affabulations.
J'ai vu un monde magnifique. J'ai vu une société qui ne le respectait pas.
Au final, j'avais vu peu de choses. Mais c'était déjà trop lourd à porter.
Je n'ai eu qu'à détourner le regard pour être de retour chez moi.
La crainte d'être aspirée dans ce maelström de paradoxes m'avait fait bouger instinctivement.
J'étais retournée à l'entrée de mon palais.
La brume avait presque complètement disparu, me faisant prendre conscience de la véritable nature de l'édifice.
Pour la première fois, je le voyais de l'extérieur.
Ce n'était pas un château, mais une forteresse.
Imposante. Solide. Impénétrable. Rassurante.
Une nouvelle fois, j'ai franchi ses douves.
Remonté le pont-levis.
Juré de ne plus jamais le baisser.
Le feu ardent de ma curiosité avait du faire face au terrible vent de la réalité, mais il ne s'était pas totalement éteint pour autant. Les braises rougeoyantes qui restaient me poussaient parfois à sortir ma longue-vue et à la pointer vers l'horizon.
De l'immense nuage de brume embaumée du passé ne restait qu'une auréole bleutée, autour de la plus haute tour. C'était là le refuge que je préférais.
Sur une table de pierre m'attendaient parchemins, encre et plume.
Prêts à voyager sans avoir à partir.
Un bateau de papier aux voiles de plume sur une mer d'encre.
Mais les gouttes de sable continuaient à tomber, inexorablement.
La brume n'avait pas seulement caché le monde de l'extérieur à mes yeux, elle avait également dissimulé ma présence au reste du royaume.
Une fois dissipée, les sombres murs de pierre de la forteresse se voyaient de loin.
La réalité a débuté alors un siège de longue durée.
Des incendies se sont déclenchés à plusieurs endroits.
Plus le temps passe, et plus les flammes sont hautes.
Le pont-levis n'est plus que cendres.
Ma forteresse brûle.
Peu importe.
Ma tour est épargnée.
Mes parchemins sont à l'abri.
Mon épée se repose dans son fourreau.
Qu'ils viennent.
Je les attends.
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Je vous recommande de lire ce texte avec cette musique en fond : [link]
C'est une histoire réalisée pour le très sympathique et inspirant concours de 
Le thème étant justement « Notre forteresse brûle. »
N'hésitez pas à me faire part de vos impressions et donner votre opinion, que ce soit sur le fond ou la forme ^^
Ça faisait un petit moment que je n'avais pas vraiment écrit, ça fait du bien de reprendre 
© 2013 - 2024 Silver786
Comments40
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Sauf rare exception, je commente toujours ce que je lis, c'est donc avec plaisir que je vais te donner mes impressions.
J'ai envie de dire : intensité, authenticité, vérité. C'est vraiment ce que j'ai ressenti en premier lieu, et cela m'a, pour ainsi dire, submergée. C'est très fort mais ce qui l'est le plus pour moi, c'est cela :
"J'ai vu des mensonges se faire accepter comme étant des paroles véridiques.
J'ai vu des vérités se faire traîner dans la boue comme si elles n'étaient que de piètres affabulations."
et
"Au final, j'avais vu peu de choses. Mais c'était déjà trop lourd à porter."
J'aime beaucoup aussi la répétition des "j'ai vu".
Bravo, vraiment ! Et bravo pour ton résultat au concours !
J'ai envie de dire : intensité, authenticité, vérité. C'est vraiment ce que j'ai ressenti en premier lieu, et cela m'a, pour ainsi dire, submergée. C'est très fort mais ce qui l'est le plus pour moi, c'est cela :
"J'ai vu des mensonges se faire accepter comme étant des paroles véridiques.
J'ai vu des vérités se faire traîner dans la boue comme si elles n'étaient que de piètres affabulations."
et
"Au final, j'avais vu peu de choses. Mais c'était déjà trop lourd à porter."
J'aime beaucoup aussi la répétition des "j'ai vu".
Bravo, vraiment ! Et bravo pour ton résultat au concours !